La répnse de François Hollande
Collectif National Droits de
l’Homme Romeurope
C/o FNASAT Gens du voyage
&59, rue de l’Ourcq
75019 PARIS
Paris, le 27 mars 2012
Madame, Monsieur,
Vous avez souhaité interpeller les candidats à l’élection présidentielle sur la
situation des Roms dans notre pays, notamment suite à la parution de votre
dernier rapport le 16 février dernier.
Suite à la rencontre entre le collectif ROMEUROPE et les membres de mon équipe
de campagne sur la situation des Roms, je tenais avant tout à dissiper tout
malentendu sur des propos, sur lesquels la droite a tenté une vaine et absurde
polémique.
J’ai toujours dénoncé, et je continuerais à le faire, la stigmatisation dangereuse
lancée par le candidat sortant en août 2010 à l’égard des populations de Roms :
expulsions brutales à répétition, stigmatisation toujours plus forte d’une
population, interdiction de travailler et de se former, reconduites aux frontières
sans résultat… C’est bien la politique du Gouvernement de Nicolas Sarkozy qui
est responsable de la précarité intolérable dans laquelle se trouvent ces familles et
qui fabrique un groupe de population, bouc-émissaire idéal pour justifier des
politiques toujours plus répressives.
Les tsiganes, Roms, gens du voyage ont été et sont encore souvent victimes de
discriminations et de persécutions. Ils ont longtemps été les oubliés de l’histoire et
de la reconnaissance officielle des crimes commis pendant les années noires de
l’Europe.
Je veux m’engager à oeuvrer pour que l’extermination des tsiganes par le régime
nazi soit reconnue au niveau européen et international.
En ce qui concerne la situation des Roms aujourd’hui sur notre territoire, ma
préoccupation est aussi la vôtre : la situation de ces femmes, de ces enfants, de
ces hommes qui vivent dans des campements insalubres n’est pas acceptable. Je
souhaite que, lorsqu’un campement insalubre est démantelé, des solutions
alternatives soient proposées. On ne peut pas continuer à accepter que des
familles soient chassées d’un endroit sans solution. Cela les conduit à s’installer
ailleurs, dans des conditions qui ne sont pas meilleures.
Tant qu'il y aura des populations exclues et discriminées vivant dans les conditions
indignes que nous connaissons encore en France, une politique publique
d'accompagnement vers le droit commun dans tous les domaines (social, scolaire,
logement, santé, travail) est nécessaire. Elle comporte la sensibilisation et la
formation des acteurs - dont les élus locaux – la médiation entre ces personnes et
les institutions pour que changent les représentations et les pratiques.
Le droit commun doit s’appliquer à tous. Il ne doit pas y avoir de politique
spécifique pour quelque catégorie de population que ce soit, a fortiori sur des
bases ethno-raciales réelles ou supposées, contrairement à celle menée par le
candidat sortant. Les Roumains et Bulgares, quelle que soit leur origine, sont
citoyens européens. Les mesures transitoires qui limitent encore leurs droits feront
l’objet d’un examen objectif en accord avec la résolution du Parlement européen
du 25 octobre 2011 et le Rapport de la Commission européenne du 11 novembre
2011.
Je veux réaffirmer la nécessité d’une politique cohérente et concertée entre
l'Union européenne, responsable de l'application effective de ses propres
recommandations, les pays d'origine qu'il faut aider dans la lutte contre les
discriminations, le gouvernement, les collectivités locales pour la résorption des
habitats indignes et l'accès aux droits et aux services, et les associations enfin.
Ces dernières, dont l’expertise et la capacité opérationnelle sont probantes
doivent être pleinement associées aux réflexions et concertations visant à
l'inclusion sociale des Roms migrants.
Enfin comme je l’ai indiqué, l'Union Européenne, conformément à ses
engagements, doit mettre tout en oeuvre pour que ces populations ne soient plus
contraintes, comme aujourd'hui, de quitter leur pays d'origine où elles sont
marginalisées, voire persécutées. Des programmes validés et contrôlés doivent
être mis en oeuvre pour faire cesser toute discrimination à leur égard, en
collaboration avec les pays membres.
J’espère avoir répondu ainsi à vos interrogations.
Je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de mes cordiales
salutations.
François Hollande